Himalaya : 11 jours sur le Tour des Annapurna

Bienvenue sur les chemins de l’Himalaya.

L’Himalaya nous a toujours fait rêver. Lors de la préparation de notre tour du monde, nous savions que nous voulions réaliser un trek au pays du trekking. Le Népal est une terre mythique à tous les amoureux des grands espaces et de sommets enneigés. Ici, les possibilités de trekking sont presque infinies, entre sentiers emblématiques, région secrète et découvertes hors des sentiers battus, le choix ne manque pas.

Notre choix c’est fait assez naturellement, finalement sans réelle raison ! Nous savions simplement que nous voulions un trek de plusieurs jours, en autonomie sans tente, et offrant des paysages grandioses.

Nous avons hésité avec le Camp de Base de l’Everest (EBC), et après quelques petites recherches notre choix était fait, ce sera le Tour des Annapurna. La région des Annapurna m’a toujours faite rêver. Je crois, que cela tient dans le fait que l’Annapurna a été le premier sommet de 8 000 mètres à avoir été gravi. Dans l’imaginaire, l’Annapurna représente un peu l’emblème des hauts sommets himalayens.

Le 21 décembre 2019 a donc marqué pour nous le début de notre aventure au cœur de l’Himalaya sur les chemins des Annapurna.

Pour en savoir plus sur le Tour des Annapurna, c’est par ici; guide complet.

Annapurna 2.

Jour 1 : Pokhara – Besisahar – Ngadi

Trajet en bus et promesses de l’Himalaya

Première étape :

  • Besisahar – Ngadi
  • 13km
  • Altitude : 820m – 890m

Afin de rejoindre notre point de départ nous avons quitté la ville de Pokhara tôt le matin. C’est à bord d’un bus local que nous avons atteint Besisahar, 820 mètres d’altitude, après 5 heures de route.

Le trek débute officiellement ici. Cependant, certains trekkers choisissent de prendre une jeep jusqu’à une étape plus haute, afin d’éviter les premiers kilomètres le long de la route. Nous avons décidé de débuter à pied, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous savions que nous ne terminerions pas à Nayal Pul mais à Jomsom, qui n’est pas la fin officielle du trek. Enfin, parce qu’en décembre La Pass, passage emblématique, peut être fermé. Nous voulions donc profiter au maximum du trek en gardant en tête la possibilité de devoir s’arrêter plus tôt.

Début de notre aventure dans l’Himalaya

Après un passage rapide au check-point de Besisahar, notre aventure himalayenne commence enfin ! Nous entamons une descente agréable direction Bhubhule. Cette première étape de 13 km ne présente aucune difficulté et longe la rivière Marsyangdi. Rapidement, nous passons le check-point officiel d’entrée dans la Annapurna Area Conservation, l’Himalaya s’offre à nous.

Les paysages sont déjà très beaux, quelques sommets enneigés se laissent deviner au loin, il s’agit du massif du Manaslu, un des 8 000 visibles sur le trek. L’urbanisation est tout de même très présente, avec notamment une énorme centrale hydro-électrique en construction.

Peu après Besisahar.
Entrée officielle dans la zone de conservation de l’Annapurna.
Check-point typique, que nous croiserons à plusieurs reprises.
Première halte au cœur de l’Himalaya

Nous arrivons très rapidement à Bhubhule, et décidons de poursuivre jusqu’à Ngadi, et ce fût une très bonne idée.

Arrivés vers 16h nous choisissons une auberge à l’entrée du village. Reconnaissable à ses maisonnettes vertes fluo (Hôtel Peace and Love, de mémoire), l’endroit est très agréable avec un petit jardin, des chambres plutôt confortables, et un accès à la rivière !

A quelques mètres de notre auberge.
Auberge de Ngadi.
Chambre tout à fait typique que l’on retrouve sur le trek.

Nous avons passé une fin de journée paisible, à profiter d’une balade prêt de la rivière et admirer le coucher de soleil derrière les montagnes. Les propriétaires sont très gentils et proposent une soirée au coin du feu avec le fameux Dal Bhat, le plat typique du trekker de l’Himalaya !

Le froid se fait déjà sentir, mais reste supportable. Nos chambres n’ont pas de chauffage, mais les sacs de couchage font le travail, et nous partons nous coucher enthousiastes pour la suite.

Soirée au coin du feu, Ngadi.
Le Dal Bhat.

Jour 2 : Ngadi – Jagat

Découvertes et sources chaudes de l’Himalaya

Deuxième étape :

  • Ngadi – Jagat
  • 12 km
  • Altitude : 890m – 1 300m
La vie dans les Annapurna

Cette première nuit dans l‘Himalaya fût fraiche, mais nous sommes en pleine forme et prenons notre petit déjeuner face aux montagnes qui s’illuminent petit à petit. La journée d’aujourd’hui nous mène 12 kilomètres plus loin à Jagat, situé à 1 300 mètres altitude.

Deuxième jour de marche aux alentours de Ngadi.

Cette étape nous permet de passer par de petits villages ruraux où les habitants vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage. La culture du riz est ici très présente, nous passons par plusieurs rizières. Il y a également un grand nombre de bananiers et de palmiers, difficile de croire que nous sommes en plein cœur de l’Himalaya ! C’est toute la beauté de ce trek, et aussi ce pourquoi nous l’avons choisi, la diversité des paysages.

Rizières en terrasse.

Cette deuxième journée est une étape facile, malgré le fait que le sentier commence à grimper un peu. L’excitation et l’émerveillement nous font complètement oublier les petites douleurs aux mollets. D’autant plus que nous ne sommes jamais seuls sur le sentier. Des dizaines de chèvres, vaches, ânes et chiens nous accompagnent. Sans oublier les villageois, leurs encouragements et leur sourire nous font chaud au cœur.

Champs de culture.
Notre meilleur réconfort.
Première expérience : sources chaudes dans la montagne

Nous arrivons à Jagat en début d’après midi, heureux et un peu courbaturés. Nous tenons à garder ce rythme. Arriver tôt à nos étapes, afin de se reposer, d’explorer les alentours, de nous imprégner de l’atmosphère de ces petits villages. Nous choisissons l’auberge « Mont Blanc », dont les chambres minuscules et en bois, sont parfaites pour limiter le froid. La douche chaude coûte 100 roupies (2019) soit 0,80 centimes. Les repas sont très bons et copieux, les prix restes raisonnables.


L’hôtel Mont Blanc où nous avons passé notre deuxième nuit.

Des chambres minuscules et en bois, plutôt bien isolées.

Mais Jagat est une étape idéale pour se détendre et recharger les batteries. Car à quelques mètres de notre auberge, se trouve un endroit assez magique en plein cœur de l’Himalaya. Pour 100 roupies par personne, et après une petite descente dans la forêt, nous atteignons des sources d’eaux chaudes naturelles. C’est une première pour nous ! Fréquentées essentiellement par des locaux, l’eau, avoisinant les 40 degrés est chargée en souffre, possède de nombreux bénéfices pour la peau. Elle apaise également les douleurs musculaires. Un moment de détente et de partage très appréciable après 6 heures de marche !

Sources chaudes naturelles au coeur de l’Himalaya.
Fin de journée paisible à Jagat.

Après cette séance détente, nous prenons un excellent repas à base de nouilles, légumes et oeufs, ainsi qu’un bon thé chaud. Nous regagnons nos chambres et nos sacs tôt, afin d’être toujours aussi en forme demain.

Jour 3 : Jagat – Dharapani

Des ponts suspendus et le début des sommets

Troisième étape :

  • Jagat – Dharapani
  • 15 km
  • Altitude : 1 300m – 1 900m

Après une bonne nuit de sommeil, et le rituel du petit déjeuner fait de pancake et de thé, nous prenons la route pour Dharapani. Notre étape du jour est facile, elle grimpe plutôt progressivement et nous amène à près de 2 000 mètres d’altitude.

Passer par de petits villages perchés, c’est un vrai bonheur sur ce trek.

Les paysages sont très différents au fils des jours. Ici nous passons par une forêt tropicale dense.

Sans oublier cet âne qui se sert de ce pont suspendu comme moyen de franchir la rivière.

Le pont suspendu : le mythe de l’Himalaya

Les paysages sont assez différents de la veille, nous passons la journée dans la forêt tropicale. Mais cette journée est l’occasion de réaliser quelque chose que toute personne en trek au Népal rêve de faire. Nous passons notre premier pont népalais ! Ça parait un peu bête mais les ponts suspendus représentent pour nous presque à eux seuls, l’Himalaya et le trekking. C’est une vision vraiment mythique du Népal pour moi. Après quelques minutes d’hésitation, entre excitation et crainte, nous franchissons ce pont vertigineux ! Et il ne sera que le premier d’une longue série.

Mélange de rizières et de forêt tropicale.
Premier pont suspendu.
Yaks aux abords de Dharapani.
Ces fleurs rouges que nous avons vu énormément sur le trek.

Cette étape est l’occasion d’apercevoir les premiers sommets enneigés, notre objectif nous parait encore bien lointain. Le passage du pont suspendu nous permet d’accéder à l’autre côté de la rivière et de monter toujours un peu plus sur le sentier. Les chèvres sont de la partie et nous sommes totalement amoureux de leur bouille !

Les sommets se dévoilent. Drapeaux de prière.
Le froid commence

Nous faisons notre pause repas au petit village de Tal, coincé entre les montagnes. Le menu n’est pas très original, mais bon et copieux, des nouilles et des momos. Le froid commence à se faire sentir plus tôt dans la journée, et nous reprenons la route sous les yeux de l’imposant Manaslu.

Nous arrivons à Dharapani dans l’après midi. C’est une étape assez importante et le choix d’hébergement ne manque pas. Nous choisissons une grande bâtisse à la sortie de la ville.

Dharapani.
Tal, petite pause repas du midi.

La chambre est très correcte, avec plusieurs couvertures chaudes et de l’eau tiède. L’établissement fait également restaurant, et propose un large choix de plats.

En fin de journée, le froid est très prenant et nous décidons de rester à l’auberge, au coin du feu. Le ciel bleu continue de nous accompagner et nous promet une belle étape demain.

Jour 4 : Dharapani – Chame par Timang

Les choses sérieuses commencent dans l’Himalaya

Quatrième étape :

  • Dharapani – Timang – Chame
  • 16 km
  • Altitude : 1 900m – 2 710m

Cette étape marque pour nous le début du trek dans l’Himalaya, avec les premières difficultés, notamment liées au froid. Cette quatrième journée se fait en réalité en deux temps.

Nous quittons Dharapani tôt le matin, direction le village de Timang, à 8 kilomètres de là.

Mythique pont suspendu.
Premier dénivelé important et premières douleurs

Le dénivelé positif est vraiment important sur cette première partie de la journée. Ça monte raide et durant toute la matinée, nous passons notamment par des escaliers à flanc de montagne. La vue devient de plus en plus incroyable, et nous permet d’oublier un peu les difficultés de la montée.

Montée pour rejoindre Timang.

Puis, le sentier disparait. Seuls les traces de pas et de bâtons sont visibles. Nous faisons donc confiance à l’application Map’s Me pour nous repérer dans la forêt enneigée… Pour la première fois nous sortons les crampons. En effet, plusieurs plaques de glace se sont formées et nous manquons à plusieurs reprises de finir par terre ! Ce petit passage dans la forêt reste magnifique et assez magique.

Dans la forêt proche de Timang.
Dernier pont suspendu avant la sortie de la forêt.

C’est après le passage d’un pont suspendu complètement gelé que la vue se dégage pour nous offrir un point de vue imprenable sur le Manaslu !

L’imposant Manaslu.
Le petit village de Timang.
Premier Annapurna

Nous atteignons par la suite le petit village de Timang (2 615m) sous un soleil radieux, pour une petite pause repas.

Les derniers kilomètres jusqu’à Chame se feront principalement en descente et par des sous bois.

Timang.

Cette étape nous offre un beau cadeau sur les derniers kilomètres, notre premier Annapurna ! L’Annapurna 2 pour être précis. Un moment de pur bonheur malgré le froid.

Heureux de l’apercevoir enfin.
Annapurna 2.
Après midi plutôt facile.

Arrivés à Chame dans l’après midi, nous choisissons rapidement notre hébergement.

Chame est considérée comme une grande ville, avec pas mal de commodités, il est par exemple possible d’acheter du matériel de trekking, des snacks, du papier toilette… Personnellement, nous n’avons pas eu cette impression de « grosse ville ». Etant en (très) basse saison, l’endroit était plutôt désert.

Noel dans l’Himalaya

Mais aujourd’hui est un grand jour, car oui nous avons vu notre premier Annapurna, mais aussi parce que nous sommes le 24 décembre, et ça se fête ! Nous choisissons l’auberge «  Four Seasons », que nous avons beaucoup aimé, principalement car ils proposent une « Fire Zone » toute la journée.

Ayant des températures négatives très tôt dans la journée, nous apprécions cette chaleur ! Nous passerons donc le réveillon entouré de compagnons de marche autour d’un bon feu, d’un thé chaud et d’un repas bien trop copieux.

Un belle vue pour fêter le réveillon.
Notre chambre, Chame.
Fêter le réveillon autour du feu, avec un thé au lait typique de la région.

On rencontre parfois des guides sur le trek, on parle un peu avec eux. C’est toujours intéressant d’avoir leur avis sur la situation, notamment en se rapprochant de Manang et la fin de la piste.

Jour 5 : Chame – Upper Pisang

Le trekking dans l’Himalaya commence

Cinquième étape :

  • Chame – Upper Pisang
  • 14 km
  • Altitude : 2 710m – 3 310m

Après un joyeux réveillon de Noël, nous partons aujourd’hui pour le minuscule village de Pisang.

Nous ne le savions pas encore mais cette étape fût l’une des plus belles de notre trek dans l’Himalaya.

Sur le chemin de Pisang.
Pisang : le choix de la hauteur

Pisang est un passage obligé à tous les trekkers sur le Tour des Annapurna. Elle correspond au dernier stop avant le village de Manang et la fin de la route carrossable. Ce qui est intéressant dans cette étape c’est que le village de Pisang est en fait constitué de deux hameaux; Lower Pisang et Upper Pisang.

Lower Pisang est le premier hameau, le plus accessible, le long de la piste pour les véhicules. Il se situe au pied du glacier de l’Annapurna 2 au fond de la vallée.

Upper Pisang, se trouve 300 mètres plus haut, juste sous le Pisang Peak et ses 6 091 mètres. Il fait face au majestueux Annapurna 2.

Et c’est bien là tout l’intérêt de dormir à Upper Pisang. En effet, en logeant le soir à Upper Pisang vous avez la certitude d’une vue incroyable sur l’Annapurna 2 et les sommets environnants. Le soleil se cache derrière les montagnes beaucoup plus tard qu’à Lower Pisang, ce qui est un point important quand les températures sont basses. Le choix de logements est grand, bien que le hameau soit plus éloigné de la route.

Annapurna 4.
Entre sentiers vertigineux et spécialité de l’Himalaya

C’est de bonne heure que nous entamons notre cinquième jour dans l’Himalaya et la fatigue ne se fait pas ressentir. Nous sommes cependant en forme et sans courbature prêts à affronter la montée jusqu’à Upper Pisang !

Le sentier longe à flanc de montagne la rivière, et nous apercevons une vieille jeep en contre bas totalement déchiquetée. A ce moment là nous sommes ravi d’être à pied. Le sentier devient petit à petit vertigineux, et de plus en plus sauvage.

Un de nos nombreux petits compagnons.
Manang, une étape importante, n’est plus très loin. Balisage rouge et blanc.

Nous empruntons le circuit principal, balisé rouge et blanc, nous apercevons parfois la route mais l’immersion reste totale. Bientôt la piste disparaitra. Tout doucement nous prenons de l’altitude, nous tenons à être rigoureux sur la prévention du mal d’altitude, alors on fait des pauses sucrées régulièrement !

Nous traversons une petite ferme spécialisée dans la transformation de la pomme. Fait très étonnant, ici au cœur de l’Himalaya les habitants cultivent la pomme, pour en faire principalement du jus. C’est l’occasion de gouter un très bon thé chaud à la pomme. Une petite pause bienvenue en compagnie de petits chiens très mignons.

Petit compagnon de route.
Une belle découverte ; le thé à la pomme de l’Himalaya.

Le sentier se poursuit, les paysages sont de plus en plus spectaculaires, et nous sommes très heureux d’être là. Nous passons plusieurs ponts suspendus sur lesquels flottent des drapeaux de prière. Les hauts sommets enneigés ne sont jamais loin, le panorama est juste magnifique.

Drapeaux de prière sur l’Himalaya.
Entre lac gelé et forêt enneigée

Aux alentours de midi, nous choisissons de faire notre pause repas à Dhukur Pokhari. C’est un endroit incroyable, notamment à cette saison. En effet à la sortie du village se trouve un grand lac complètement gelé ! Nous avons pu fouler la glace et contempler un paysage toujours plus beau. Dhukur Pokhari est également un passage important, car c’est ici que vous choisissez entre Lower Pisang et Upper Pisang.

Lac gelé, direction Upper Pisang.
Le choix du jour ; Upper ou Lower Pisang.
Juste avant Upper Pisang.

Un simple panneau vous donne le choix, suivre la route ou entamer une longue montée dans la forêt direction Pisang Peak. Nous choisissons sans hésiter Upper Pisang et la montée qui va avec.

Le sentier s’enfonce dans la forêt, la neige recouvre le sol et quelques plaques de glace nous obligent à sortir les crampons. Nous longeons la rivière puis montons doucement. Quand la vue se dégage et laisse entrevoir l’Annapurna 2 nous savons que nous avons fait le bon choix ! Un dernier pont suspendu et nous y sommes. Une vraie claque visuelle.

Upper Pisang.
Upper Pisang : l’émerveillement

Nous arrivons tôt à Upper Pisang où nous choisissons une auberge sur les hauteurs, face aux Annapurna 2 et 4. « L’hôtel Royal Mountain » propose des chambres incroyables, tout en bois et avec une vue imprenable sur les sommets enneigés ! L’espace commun est lui aussi très agréable avec une « Fire Zone » accessible toute la journée et une restauration aux prix raisonnables.

Vue imprenable sur le Massif des Annapurna depuis notre auberge.
Notre belle chambre en bois.

Il est tôt et le soleil brille, nous décidons d’explorer un peu ce petit village de culture tibétaine. Pisang est un minuscule village de l’Himalaya avec 300 habitants. Nous déambulons dans les rues recouvertes de neige, l’atmosphère y est sereine et le paysage magnifique. Entre vieilles maisons en bois, moulins et drapeaux de prière, temples, vaches et chèvres.

Upper Pisang.
Stupa.

C’est une très belle fin de journée et une soirée reposante malgré le froid et l’altitude. Une belle manière de finir ce cinquième jour avant que les choses sérieuses ne commencent vraiment, dès demain.

Jour 6 : Upper Pisang – Manang par Ghyaru et Ngawal

Les premières douleurs et la fin de la piste

Sixième étape :

  • Upper Pisang – Ngawal – Ghyaru – Manang
  • 20 km
  • Altitude : 3 310m – 3 540m

Cette journée n’est pas particulièrement difficile techniquement, elle ne présente pas un dénivelé important non plus. La difficulté de cette sixième étape est principalement sa distance, un peu plus de 20 kilomètres. Par ailleurs, voilà déjà six jours que nous marchons quotidiennement sur des sentiers sublimes, mais le rythme reste intense. Sans oublier que l’altitude se fait de plus en plus importante ces derniers jours. Réaliser un trek dans l’Himalaya demande une bonne forme physique.

Ngawal.
Ngawal.
En route pour Manang.
Les premières vraies difficultés : entre douleur et altitude

Une nouvelle fois, le soleil brille et l’Himalaya se dévoile de plus en plus. Nous remarquons que plus nous marchons et avec l’altitude, nous avons toujours faim ! Nous faisons des pauses régulièrement, je crois que je n’ai jamais vu Jérémy manger autant.

Depuis Upper Pisang nous passons par le sentier historique du Tour des Annapurna et non par la route. Ce qui nous permet de traverser deux charmants villages Ghyaru et Ngawal, où il est possible de dormir. La première partie de la matinée se résume en une interminable montée, depuis Upper Pisang jusqu’à Ghyaru.

Prendre des photos, prendre du retard.

Il faut reconnaitre que ça commence à être dur pour nos jambes, nous souffrons un peu. Heureusement, nous n’avons qu’à lever les yeux pour être récompensé. Nous faisons une petite halte sucrée en chemin, chez une très vieille dame, qui nous propose tout simplement du cannabis ! Nous apprendrons plus tard que sa consommation est une pratique assez courante sur le trek.

Arrivées à Ghyaru nous découvrons un village très mignon et offrant une vue incroyable sur les Annapurna.

Le chemin ne cesse de monter jusqu’à Manang.
L’angoisse du retard

Nous sommes totalement sous le charme de cette étape et de ses paysages, si bien que nous prenons vraiment beaucoup de temps pour les photos… La montée est douce jusqu’à Ngawal sur un sentier à flanc de montagne, face aux Annapurna. Le sentier continue de grimper, la vue devient vraiment incroyable.

Annapurna 4.

Aux alentours de 13h nous pensons clairement être très en retard sur notre arrivée à Manang. Nous arrivons finalement à Bhraga aux alentours de 16h, nous pensions être les derniers arrivés.

Initialement nous avions prévu de dormir à Bhraga. Le village se trouve juste avant Manang, il est calme et plus proche de Ice Lake, notre journée d’acclimatation prévue le lendemain.

Mais en hors-saison toutes les auberges étaient fermées. Un coup dur après cette longue journée. Nous étions pour la première fois fatigués, douloureux, et nous voulions simplement nous reposer. Mais c’est aussi le jeu du hors-saison il faut l’accepter.

Nous y sommes enfin : Manang.
Reprendre la route : quand le moral flanche

Nous avons donc repris la route direction Manang à 30 minutes de marche de là. Après avoir passé un nouveau « check point », et aperçu l’Annapurna 3, nous arrivons aux alentours de 17 heures. Nous consultons le registre des passages, et surprise, nous sommes les premiers arrivés !

Nous logeons à « l’Hotel Yeti » à l’entrée de Manang. Il fait déjà presque nuit, tout est froid et gelé, les magasins fermés. L’ambiance est très bizarre. C’est aussi ici que la route s’arrête, et les auberges ne font du feu qu’à partir de 17h pour économiser le bois. La vie semble s’être suspendue, le temps d’un hiver.

Notre chambre pour deux nuits à Manang.
L’éternel porridge.

Notre chambre est plutôt confortable, pas si froide que nous avions imaginé. Il n’y a pas de douche et les sanitaires sont totalement gelés, impossible de tirer la chasse d’eau. Une aventure aussi drôle que gênante ! Il y a toujours la possibilité d’acheter un saut d’eau chaude mais honnêtement nous avons abandonné l’idée depuis plusieurs jours, il fait bien trop froid.

Le froid de l’Himalaya

Ce soir les températures avoisinent les -9 degrés à l’extérieur. Nous sommes désormais à 3 500 mètres d’altitude. Une nouvelle fois nous passerons la soirée au coin du feu, à faire réchauffer nos chaussettes.

Cette soirée est l’occasion de discuter avec des français qui réalisent eux aussi le Tour des Annapurna. L’ambiance est bien plus chaleureuse qu’à l’extérieur, nous partageons nos expériences, nos craintes du Col Thorong La. Demain c’est une journée importante : une journée d’acclimatation. Mais cela ne va se passer comme prévu…

Une drôle d’aventure nous attend le lendemain.

Jour 7 : acclimatation à Manang et Ice Lake

Septième étape :

  • Manang : 3 500 mètres.
  • Ice Lake par Bhraga : 4 600 mètres.

Ice Lake : l’incontournable du Tour des Annapurna

Cette journée d’acclimatation est un incontournable sur le Tour des Annapurna. Que vous alliez à Ice Lake ou restiez à Manang, elle est indispensable pour prévenir le mal des montagnes. Elle permet tout simplement à votre organisme de s’accommoder de l’altitude, et vous permettre de vous sentir bien.

Cette journée était prévue depuis le départ, nous voulions aller à Ice Lake, ce lac gelé à 4 600 mètres. Tous les trekkers rencontrés en voyage et sur le trek nous l’ont dit, aller à Ice Lake c’est facile.

L’avantage c’est qu’il est impossible de se perdre : un seul chemin, des dizaines de panneaux.

Sur le chemin on a croisé des petits mouflons très mignons. Un peu loin pour les photos mais un beau souvenir.

Ce qui suit est notre expérience en plein mois de décembre, qui n’est clairement pas la meilleure période pour cette balade ! Cependant, bien que ce soit un simple aller-retour, Ice Lake se situe 1 100 mètres au dessus de Manang, soit un dénivelé positif très important. Au delà de faire souffrir les jambes, la montée en altitude fait souffrir l’organisme et nous avons clairement assez mal vécu cette journée. Nous en gardons cependant un excellent souvenir et si c’était à refaire nous irons tout de même jusqu’au restaurant d’Ice Lake.

En route pour Ice Lake.
Un début prometteur : vue sur l’Himalaya

Aujourd’hui il y a beaucoup de vent, mais le soleil brille. Nous sommes très motivé à l’idée de prendre de la hauteur et d’admirer la ville de plus haut.

Nous avons rejoint à pied le village de Bhraga en une vingtaine de minutes, puis, pris le sentier qui monte dans la montagne. Le sentier est très bien indiqué, impossible de se perdre. Le chemin n’a aucune difficulté technique, seul le vent complique un peu la tâche. Un petit chien gris nous suit depuis Bhraga, c’est toujours agréable et motivant ce genre de compagnie.

Notre compagnon à Ice Lake, nous apprendrons plus tard que ce petit chien accompagne régulièrement les trekkers à Ice Lake.
Les roches sont très particulières ici, encore une spécificité qu’on n’avait pas encore vu sur le trek.

Nous montons doucement en zig-zag, le paysage se dévoile sous nos yeux, c’est tout simplement magnifique. Les sommets nous apparaissent de moins en moins hauts. Nous atteignons assez facilement le « restaurant d’Ice Lake », situé à 4 200 mètres, fermé à cette saison.

C’est durant notre pause sucrée, que nous constatons que nos doigts sont complètement enflés ! De vrais knackis. Cela aurait dû nous alerter.

L’endroit est très photogénique, des drapeaux de prière, un magnifique stupa blanc face aux Annapurna, des chèvres poilues, la neige. Nous oublions presque le vent et le froid.

Nous avons ensuite poursuivit jusqu’à 4 500 mètres avant de faire demi tour, emportés par le vent et gelés par le froid.

Peu avant le restaurant d’Ice Lake.
Stupa.
Froid et altitude : nous sommes obligés de renoncer

Nous avons dû mal à tenir debout, Jérémy a des vertiges et des céphalées. Nous redescendons rapidement jusqu’au restaurant. Nos mains n’ont absolument pas dégonflées, au contraire. Je (Sarah) me retrouve avec un doigt bleuté car je n’avais pas enlevé ma bague. Impossible de l’enlever, elle est coincée ! Nous avons eu très peur pour nos doigts, mais avec la redescente nous avons finalement pu les ôter sans séquelle. Cette expérience nous servira de leçon, en trek, en altitude, pas de bijoux !

De retour à Manang nous choisissons de nous reposer autour du feu et de boire un thé bien chaud, bien que le prix soit élevé. Après cette expérience un peu terrifiante, nous voulons simplement reprendre des forces, notre objectif se rapproche, la Pass n’est plus très loin.

Juste avant le restaurant d’Ice Lake.
Manang.

Jour 8 : de Manang à Yak Kharka

Fin de piste

Huitième étape :

  • Manang – Yak Kharka
  • 9km
  • Altitude : 3 540m – 4 050m

Aujourd’hui est une étape importante. Aujourd’hui nous dépassons les 4 000 mètres d’altitude et la piste disparait. La route laisse place à une sentier enneigé, il n’y a plus de fils électriques, plus de jeep. Seuls les plus hauts sommets du monde nous regardent.

Nous passons les 4 000 dans l’Himalaya

Passé 4 000 mètres d’altitude nous commençons à ressentir un léger essoufflement à l’effort, notamment lors des montées. Nous faisons des pauses régulièrement, les paysages deviennent tout simplement incroyables. L’étape d’aujourd’hui est relativement courte et facile, le dénivelé n’est pas très important, le soleil brille et nous sommes en forme.

Gangpurna.

Nous partons un peu plus tard que les autres jours aux alentours de 8h. Notre rythme est lent, voir très lent. Les paysages et les sommets enneigés qui nous entourent nous obligent à faire des pauses photo régulièrement ! Aux alentours de midi, nous faisons une pause à Gunsang. Nous y croisons un groupe de touristes chinois accompagnés de porteurs très chargés.

Cette journée est l’occasion d’apercevoir un nouveau sommet du massif des Annapurna, le Gangapurna. Un géant très impressionnant.

Le majestueux Gangapurna.
Toujours les plus heureux à 4 000 mètres d’altitude.
Nos compagnons les yaks

Les derniers kilomètres se font facilement, et nous arrivons tôt à Yak Kharka. Le petit village semble figé par le froid, une seule lodge est ouverte. Je ne sais pas d’où vient le nom de Yak Kharka, mais il pourrait bien venir du nombre de yaks qui l’entoure ! C’est probablement ici qu’on en aura vu le plus sur le trek. Il faut reconnaitre que se sont des animaux magnifiques, notamment les bébés, que nous adorons observer et prendre en photo ! Ils sont un peu l’emblème de l’Himalaya.

Yak mâle adulte.
Bébé yak.

Nous installons nos sacs dans notre chambre avant de faire un petit tour aux alentours. La chambre est très froide, sans électricité. Le feu est allumé à partir de 17h dans la salle principale qui se trouve dans un autre bâtiment de l’autre côté de la rue gelée. Les canalisations sont gelées, et il n’y a pas d’eau courante, nous devons demander aux propriétaires de remplir nos gourdes, qui gèlent rapidement.

Soirée gelée et promesse de La Pass

La soirée se déroule autour du feu, entourés de quelques compagnons de marche, de moins en moins nombreux. Les liens se font d’autant plus forts qu’on se rapproche du jour tant attendu; le col Thorong La.

Cette soirée est la première depuis le début du trek durant laquelle notre moral est affecté. Le fait est que nous n’avons pas pris de douche depuis une semaine, et que le froid devient vraiment intense. Heureusement, le feu réchauffe nos corps, et le repas est excellent. Un dernier thé chaud et nous partons de (très) bonne heure nous coucher.

Yak Kharka.

Le bâtiment de l’espace commun de Yak Kharka. Il n’y avait qu’à traverser pour retrouver notre chambre.

Bâtiment rose : où se trouvait les chambres. Et à droite c’est notre chambre, un bloc de béton et deux lits.

Demain est la dernière journée avant le grand jour. Nous surveillons de près la météo qui depuis le départ est incroyable, du soleil tous les jours.

Jour 9 : de Yak Kharka à High Camp

Décision difficile et nuit au sommet de l’Himalaya

Neuvième étape :

  • Yak Kharka – High Camp
  • 8km
  • Altitude : 4 050m – 4 850m
Entre Yak Kharka et Thorang Phedi. Au niveau d’une Tea House.
Ici commence le trek de haute altitude

Cette journée ne s’est pas passé comme prévu.

Tout d’abord, c’est un jour particulier car c’est notre dernier jour dans le massif des Annapurna, demain nous seront dans le Mustang. Mais surtout, parce que nous n’avons pas respecté notre objectif, Thorang Phedi à 4 450 mètres. En effet, nous devient dormir à Thorang Phedi, afin de ne pas dépasser les 500 mètres de dénivelé positif par jour au de-là de 3 000 mètres. Cependant, nous avons pris une autre décision qui nous a amené 800 mètres au-dessus de Yak Kharka, à High Camp.

En route pour Thorang Phedi.
Peu avant l’immense pont suspendu qui nous amène de l’autre côté de la vallée.

Nous quittons donc Yak Kharka vers 8h30, sachant que l’étape initiale était relativement courte. Ce fût une étape magnifique, sous le soleil, entre ponts suspendus vertigineux et sentiers à flanc de montagne. Après une montée très raide jusqu’à Letdar le chemin est plus progressif, et un immense pont suspendu nous amène de l’autre coté de la rivière. A partir de là, et jusqu’à Thorang Phedi le sentier est vertigineux, presque effrayant par endroit. Nous sommes obligés de chausser les crampons.

De loin le plus grand et le plus vertigineux pont suspendu de nos années de voyage !

Le sentier est très étroit, par endroit il semble même difficile de se croiser à plusieurs. Heureusement, nous sommes hors-saison et nous croisons personne ! C’est à flanc de montagne, surplombant le rivière et sous le regard de géants de 8 000 mètres que nous prenons un petit thé chaud. Car oui, même à cette altitude, au cœur de l’Himalaya, une « Tea House » est ouverte et accueille les trekkers.

Le souffle devient court à cette altitude, la montée jusqu’à Thorang Phedi est intense, mais étrangement nous sommes très en forme et restons excités par notre objectif de demain. Nous arrivons très tôt à Thorang Phedi, aux alentours de 12h.

Le sentier est complètement gelé et étroit.
Les sommets ne nous paraissent plus très hauts !
On devine le sentier de l’autre côté de la vallée, d’où nous arrivons depuis Yak Kharka.
Décider de ne pas respecter notre règle première

Nous aperçois la montée jusqu’à High Camp, qui se résume en un sentier raide et glacé. La distance entre les deux étapes est très courte, un peu moins de 2km ! Mais l’idée de réaliser cette marche demain matin à 4h dans le noir et d’enchainer sur le passage du col ne nous enchante pas.

High Camp se situe à 4 850 mètres d’altitude, soit près de 800 mètres au dessus de notre étape de départ, Yak Kharka. Nous ne respecterons donc pas le palier de 500 mètres par jour, et à cette altitude cela peut avoir des conséquences. Nous croisons un compagnon de voyage rencontré au début du trek qui se dirige vers High Camp, nous faisons de même. Il est tôt, nous avons bien mangé, nous sommes en forme, nous tentons donc l’étape suivante; High Camp.

Thorang Phedi depuis la montée jusqu’à High Camp.

Dès les premiers mètres nous sommes heureux de notre décision, réaliser cette partie du trek le lendemain matin de nuit, aurait été cauchemardesque. C’est une montée interminable, très raide, glacée, en serpentin, qui nous semble sans fin. Nos jambes souffrent énormément, sans aucun doute comme jamais depuis le début. Côté souffle cela devient aussi compliqué, nous sommes rapidement essoufflés, et devons faire des petites pauses régulièrement.

Cependant, plus nous montons, plus les hauts sommets se rapprochent, et nous réalisons petit à petit le chemin parcourus, ici, dans l’Himalaya. L’objectif se rapproche.

Nuit glacée : l’attente du grand jour

Nous aurons mis près de 2h30 pour faire moins de 2km… Il est 14h45 et nous sommes à High Camp, 4 850 mètres. Un lieu qui se résume en deux principaux bâtiments, coincés dans un col de montagne sans soleil. Un bâtiment accueille plusieurs chambres et l’autre la pièce commune avec les sanitaires, le restaurant. Les températures sont polaires, aux alentours de -20 degrés en fin d’après midi, avec le vent qui se lève. Le feu commence à 17h dans la pièce commune. Cette dernière est très confortable et grande, nous discutons avec des trekkers de la fameuse étape de demain; Thorang La.

L’unique photo de High Camp. Elle n’est clairement pas réussi, mais elle compte pour nous. Elle montre à quel point les plus hauts sommets semblent être à notre portée. C’est aussi un magnifique souvenir.

Nous y sommes, demain signera la fin de l’aventure. Le stresse monte nous devons le reconnaitre. Nous parlons longuement avec un groupe d’Australiens accompagné d’un guide. Ils partirons demain à 5h, nous décidons de partir derrière eux. Nous voulions absolument avoir des personnes devant et derrière nous, question de sécurité.

La soirée est à la fois très difficile psychologiquement, principalement à cause du froid et du manque de confort, et à la fois joyeuse. Nous partageons notre repas autour du feu avec une dizaine de trekkers. Nous partons très tôt nous coucher, prêts pour l’ascension finale demain.

Jour 10 : de High Camp à Muktinath par Thorang La Pass

Himalaya : le Grand Jour

Dixième étape :

  • High Camp – Thorong La – Muktinath
  • 20 km
  • Altitude : 4 800m – 5 416m – 3 800m
Himalaya : l’ascension finale

Il est 4 heures du matin, et le réveil sonne. La température est polaire, aux alentours de -18 degrés. Notre premier réflexe est de s’assurer de la météo ! Malgré le froid intense, nous sortons de nos sacs de couchage pour découvrir un ciel magnifique, avec des milliers d’étoiles.

Notre petit déjeuner est simple; porridge, œuf et thé chaud. Nous sommes une dizaine de trekkers gelés mais remplis d’espoir, nous espérons tous nous retrouver de l’autre côté. Nous marchons depuis 10 jours pour ce jour là, pour cette épreuve : Thorong La Pass 5 416 mètres. C’est donc remplis d’encouragements et de promesses que nous partons pour 4 kilomètres interminables, peut être les plus difficiles de nos vies. Nous partons finalement les premiers.

La matin du grand jour.
Un fois de plus, nos uniques photos.
A la lueur des étoiles

Nous chaussons nos crampons et à la lueur de nos frontales nous entamons l’ascension. Les traces laissés par les bâtons et les crampons sur la glace nous guident dans la nuit noire. Le chemin est clairement très étroit, nous sentons le vide juste à côté de nous. La montée est épuisante, raide et glacée. Nous passons les 5 000 mètres d’altitude et le souffle devient court, difficile. Nous avançons à un rythme très lent, nous marchons quelques mètres avant de s’arrêter pour reprendre notre respiration. Le froid est si intense qu’il nous pousse, nous oblige à avancer. Malgré notre nuit à 4 800 mètres nous sommes en forme et n’avons aucun symptômes du mal des montagnes.

Lever de soleil sur l’Himalaya.

Quand soudain, une lumière douce et rose se dévoile. Le soleil se lève enfin sur les Annapurna. Le spectacle est incroyable, les étoiles laissent place aux rayons du soleil qui nous réchauffent un peu. Les hauts sommets enneigés deviennent à leur tour roses, c’est magique. Nous n’oublierons jamais ce spectacle. Cependant, les -23 degrés nous rappellent à l’ordre, et nous ne sortirons même pas nos appareils photo pour immortaliser ce moment.

Après une montée très raide et gelée, c’est un enchainement de vallons qui nous fait souffrir. Nous montons pour redescendre, pour mieux remonter… Nous sentons que le moral est prêt à flancher. Le vent est insupportable. C’est finalement après 3 heures d’intenses efforts que nous l’apercevons.

Objectif atteint : 5 416 mètres d’altitude

« Congratulation for the success ».

Nous y sommes enfin, après 10 jours de marche, des paysages à couper le souffle, des températures polaires, des nouilles et des kilomètres avalés. Thorong La Pass 5 416 mètres. Nous sommes fières de nous, nous l’avons fait ! Un de nos objectifs de notre voyage. Malgré le soleil le froid reste intense et nous sommes à plus de 5 000 mètres. Le temps d’une photo et il faut redescendre, direction Muktinath, 3 800 mètres.

THORONG LA PASS !
Le Mustang : un émerveillement inattendu

La descente jusqu’à Muktinath est tout simplement infernale. Une sentier de 15 kilomètres, en partie gelé, alternant avec la poussière et les cailloux. Cette étape je l’ai trouvé très difficile. Peut être parce que l’émotion retombe après 10 jours, et que le corps lâche un peu. Heureusement, la nature nous récompense.

La région magnifique du Mustang !

Nous avons quitté les Annapurna pour des paysages très différents et uniques, ceux du Mustang. Le Mustang est un district qui s’étend à la fois sur le massif de l’Himalaya et sur le plateau tibétain. Au Nord se trouve la frontière avec la Chine et la région autonome du Tibet. Le Mustang est de culture bouddhiste tibétaine et a longtemps était interdite aux voyageurs. Aujourd’hui encore, il est nécessaire d’obtenir un permis pour y accéder. L’étape de Muktinath permet d’en avoir un magnifique aperçu.

Heureux de l’avoir fait.
Petite pause en compagnie des chevaux de la région.

Après plusieurs heures de marche nous atteignons les abords de la ville. Nous croisons plusieurs petits chevaux, typiques de la région. Nous ne pouvons nous empêcher de faire plusieurs pauses photo ! Une immense statue représentant un bouddha fait face aux hauts sommets enneigés. Des milliers de drapeaux de prière flottent sur la montagne. L’architecture est de culture tibétaine, avec ses toits plats, typiques du Royaume du Tibet. C’est un lieu magnifique, à l’atmosphère magique.

MUKTINATH.
L’imposante Dhaulagiri – 8 167 mètres. Toit tibétain.
Petit cheval sur les hauteurs de Muktinath – Drapeaux de prière.
Le faux retour à la civilisation

L’étape de Muktinath marquait pour nous le retour à la civilisation, avec eau chaude notamment. Enfin, ça c’était ce que nous pensions, plutôt ce que nous espérions. En effet, après avoir fait le tour de l’ensemble des hébergements, nous nous rendons à l’évidence; il n’y a ni eau chaude ni chauffage. C’est ça le hors saison, il fait encore très froid ici, et tout est gelé.

Le Dhaulagiri depuis Muktinath.

Notre choix se porte sur une petite guest-house (Path Dream) qui nous propose un chauffage au gaz dans la salle commune à partir de 17h. Nous profitons de la fin de journée pour flâner entre les différentes étales de la ville. Il faut bien fêter notre exploit ! Ici, les habitants vendent de l’artisanat, comme des bijoux et bonnets. L’occasion de s’offrir un petit cadeau de Noel en retard ! Après avoir profité toute la soirée du chauffage, nous partons nous coucher, toujours sans nous laver, épuisés et heureux.

Muktinath vu de l’autre côté. Juste derrière Muktinath, le passage entre les deux montagnes et la Pass que nous avons passé tôt le matin.

Jour 11 : de Muktinath à Jomsom

La fin de l’aventure

Onzième étape :

  • Muktinath – Jomsom
  • 20km
  • Altitude : 3 800m – 2 800m
Finir ce que nous avons commencé

Après un petit déjeuner rapide autour du chauffage, nous prenons la route de Jomsom. La fin de notre aventure himalayenne. Nous avons choisi de faire l’étape à pied, mais il est possible de relier les deux villes en bus, en un peu plus d’une heure. Si nous avons choisi de marcher c’est parce que nous voulions terminer cette aventure comme on l’avait commencé, à pied. Mais aussi car cette étape, bien qu’elle longe la route, offre des paysages sublimes sur le Mustang.

Route pour Jomsom.
Des paysages totalement différents.

C’est une longue étape de 20 kilomètres majoritairement sur une route très poussiéreuse. Le vent souffle très fort ce jour là et le froid est lui aussi toujours intense. Cependant, nous n’avons pas croisé beaucoup de véhicules, et avons pu profiter de la route pour faire de belles photos du Mustang. Nous sommes tombé sous le charme de cette région.

Nous longeons la rivière, les paysages sont très différents du massif des Annapurna. Les montagnes sont désertiques, les villages semblent abandonnés. Nous croisons quelques yaks, toujours un plaisir pour les yeux.

Groupe de yaks non loin de Muktinath.
Route poussiéreuse jusqu’à Jomsom.
Le Mustang.
Le Dhaulagiri.
Jomsom : la fin de cette aventure

Enfin, c’est l’arrivée à Jomsom après 8 heures de marche. La découverte est vraiment une mauvaise surprise. La ville est très laide, coincée dans une vallée à l’ombre des montagnes. L’ambiance y est presque étrange. Nous trouvons rapidement une chambre dans une guest-house pour 8 euros la nuit, et surtout avec de l’eau chaude ! Après 10 jours sans se laver nous sommes les plus heureux.

Mais avant de se détendre sous la douche nous partons à la recherche d’un distributeur de billets. Sauf que la ville est soumise à des coupures de courant, et que plusieurs ATM sont hors-service. Problème, nous n’avons pas assez de monnaie pour prendre le bus retour !

Arrivée à Jomsom.

Heureusement, après plusieurs tours de la ville nous trouvons. La soirée se fait autour d’un bon repas, savouré après une douche bien chaude. Cette soirée est un peu spéciale car nous sommes le 31 décembre, nous quittons donc 2019 pour 2020 !

Jour 12 : de Jomsom à Pokhara

J’ai cru mourir

  • des kilomètres interminables
  • 12 heures de bus

Il y a deux options pour rejoindre Pokhara depuis Jomsom; l’avion ou le bus. Nous avons opté pour le bus. Et je crois que nous n’oublierons jamais cette expérience.

Bus local

Nous prenons le bus de 7h, direction la ville de Pokhara, que nous avons quitté il y a plus de 10 jours. On nous annonce une durée de 8 heures, il en aura fallu plus de 12.

Nous avons des places au fond du bus, par expérience nous savons que ce sont les pires. Nous sommes déjà certains d’être secoués et d’avoir la nausée. Le bus est chargé avec tout un tas de choses, des cartons de jus de pommes, des habits, des couvertures et même un pauvre coq vivant. Le toit n’y échappe pas, et les caisses s’empilent petit à petit…

Sans aucun doute le pire bus de notre vie.
La route infernale

Nous prenons enfin la route, chargés au possible. La musique népalaise à fond, et le froid toujours aussi intense. La route est complètement défoncée, remplie de trous, de cailloux et de restes d’ébouillis. Le ravin n’est jamais loin, avec le vide et la rivière en contre-bas. Notre chauffeur roule plutôt doucement mais nous avons eu très peur.

Nous faisons quelques pauses pour aller aux toilettes et manger. Puis, un éboulement nous stop pendant plus d’une heure…

C’est finalement au bout de 12 heures de trajet que nous arrivons totalement épuisés à Pokhara. Nous retrouvons notre auberge et nos affaires. Une douche chaude, un bon repas et c’est le repos qui nous attend pour ces prochains jours.

La ville de Pokhara et les Annapurna en toile de fond.

Tour des Annapurna : notre bilan dans l’Himalaya

Ce trek était pour nous un incontournable de notre voyage. Nous avions hâte de nous lancer sur les sentiers de l’Himalaya.

Cependant, nous avions certaines appréhensions, comme la météo, le froid et le mal des montagnes. Et clairement ce sont des points à ne pas négliger. Nous avons fait le choix du hors saison, en effet, nous avons réalisé notre trek fin décembre et début janvier. Cela a aussi été un questionnement important. Nous avons beaucoup lu sur le trek, les conditions d’hébergement, le climat.

Nous conseillons de se renseigner mais ne pas tomber dans le  » trop  » d’informations, de témoignages, au risque de s’y perdre. Je pense qu’il faut dès le départ définir ce qu’on veut, ce qu’on est prêt à accepter, quelles conditions ne sont pas possibles pour nous. Etes-vous prêts à marcher des heures tous les jours ? Etes-vous capable d’accepter de ne pas vous laver pendant plusieurs jours ? Ne pas avoir de chauffage ? De potentiellement souffrir de l’altitude ? Ce sont des questions à se poser.

Mais surtout, êtes-vous prêts à en prendre plein la vue ? A vivre une expérience inoubliable ? A être fière de vous ?

Une expérience inoubliable.

Au fils des jours nos inquiétudes ont disparu et nous avons passé 11 jours inoubliables dans les Annapurna. Avec le recul, nous pouvons dire que nous ne regrettons pas d’être partis en autonomie et hors saison. Nous sommes partis très légers, et n’avons pas eu de difficulté pour porter nos sacs.

Tout comme nous n’avons pas souffert du mal des montagnes, grâce à une acclimatation rigoureuse.

Vous l’aurait compris, nous avons vécu une des expériences les plus incroyables de notre voyage.

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Sarah et Jérémy
Sarah et Jérémy

Nous, c’est Sarah et Jérémy, un couple de français animé par le désir d’aventure et de découverte. Après un tour du monde qui s'est fini en tour d'Asie de neuf mois à cause du Covid en 2020. Nous sommes reparti à l'aventure à Taiwan pour un PVT d'un an !

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