Trek au Népal : deux jours dans la jungle de Chitwan
Pendant la préparation de notre tour du monde en France j’avais pu lire de nombreux articles sur ce lieu où les grands mammifères vivaient en paix. Tout comme un trek dans les Annapurna, la découverte de ce petit paradis était devenu incontournable pour nous. En effet, si de nombreuses personnes viennent réaliser un trek au Népal, c’est dans l’espoir d’apercevoir le Tigre du Bengale et le Rhinocéros à une corne.
Le parc national de Chitwan c’est quoi ?
Un espace de sauvegarde
Le parc national de Chitwan créé en 1973 est le tout premier au Népal, il couvre une superficie d’un peu plus de 900km². Avec les villes de Kathmandu et Pokhara, il forme le triangle touristique du Népal.
Situé dans le centre sud du pays, dans les Basses Terres du Teraï, le parc offre un environnement idéal pour la faune et la flore. La végétation est ici très dense, subtropicale, et traversée par la rivière Rapti, qui offre un abri de choix pour les crocodiles.
Une faune et une flore abondantes
Le parc abrite une faune impressionnante, et vous pouvez y voir une des concentrations d’oiseaux les plus importantes du monde. Ces derniers ne sont pas la seule richesse de Chitwan. Vous y observerez sans doute des singes, biches, mais aussi l’ours paresseux, ou encore l’éléphant d’Asie.
Mais lors d’un séjour à Chitwan ceux que l’on souhaite admirer sont sans doute les rhinocéros à une corne et le majestueux tigre du Bengale !
Des moyens de conservation exceptionnels
Depuis plusieurs années les autorités népalaises ont mis en place d’importants moyens pour lutter contre le braconnage qui touche plusieurs espèces du parc. C’est notamment le cas pour les éléphants, les rhinocéros, les tigres mais aussi les ours. Ainsi, grâce à des moyens humains et financiers, Chitwan fait parti de ces rares lieux sur la planète où les populations de ces grands mammifères augmentent (en Inde également).
Mais le braconnage n’était pas l’unique menace, le déboisement de la forêt par les habitants faisait crainte une réduction de l’habitat de ces animaux. La présence de rangers et de l’armée jour et nuit, l’indemnisation des populations, sont autant de mesures qui permettent aujourd’hui aux animaux de vivre dans leur environnement en toute sécurité.
Ainsi, aujourd’hui le parc compte un peu plus de 500 rhinocéros à une corne, soit la deuxième plus grande colonie au monde. Et environ 125 tigres du Bengale adultes peuplent Chitwan, ce qui constitue une population viable pour cette espèce menacée de disparition.
Réaliser un trek au Népal : venir à Chitwan
Il faut déjà savoir que le parc est immense, et que son accès se fait depuis le village limitrophe de Sauraha, au Nord Ouest de Chitwan.
Depuis Katmandou
Il n’y pas de train au Népal, le bus est donc très souvent l’unique moyen de se déplacer. Depuis la capitale népalaise plusieurs font la liaison avec le village de Sauraha à l’entrée du parc. C’est une destination très prisée et vous n’aurez aucun mal à trouver un bus dans les nombreuses agences de la ville.
Le trajet dure en moyenne 8 à 10h, et comptez 8 euros par personne.
Depuis Pokhara
Nous sommes partis depuis la ville de Pokhara. Au terminal de bus de la ville plusieurs se rendent directement au village de Sauraha. Nous avons simplement demandé et nous étions dans un bus.
Le trajet est bien plus rapide que depuis Katmandou, comptez 5h et 5 euros par personne.
L’arrivée au village de Chitwan
D’où que vous décidiez de partir, le bus vous dépose à la station de bus de Sauraha. C’est aussi ici, dans ce petit village, que nous avons passé nos nuits avant et après le trek.
Les treks et les safaris en jeep dans la jungle sont ici très populaires. Ces derniers représentent une part importante des emplois dans la région, et tous les hôtels/ auberges proposent leur package. C’est donc assez naturellement que dès la sortie du bus nous sommes assailli par les gérants des hébergements qui nous proposent leur activité. Il n’y a plus qu’à choisir et l’aventure de votre trek au Népal peut commencer !
Un séjour à Chitwan
Quand venir
La période idéale s’étend d’octobre à mai, bien que les mois de mars et avril soient les plus propices à l’observation des grands mammifères, car les hautes herbes sont coupées. Comme à notre habitude en voyage nous y sommes complètement hors saison, en janvier !
Se loger
La station de bus se trouve dans le village de Sauraha, et c’est ici que vous trouverez tous les hôtels et auberges. C’est un village assez petit de moins de 3 000 habitants, bordé par la forêt et les champs de culture. Le parc est accessible à pied.
Les prix des chambres sont parfois très peu cher, car tous les établissements proposent des treks ou des safaris. Nous avons logé au Butterfly Guest House (4 euros la nuit), avec qui nous organisé notre trek. Si nous avons été enchanté de ce dernier, nous n’avons pas du tout apprécié la chambre, très bruyante et sale, si bien qu’au retour du trek nous avons changé d’hébergement.
Ainsi, nous avons logé une nuit, la veille de repartir à Pokhara, au Sauraha Inn, dans la rue principale, pour 12 euros la chambre individuelle. Il est possible d’avoir le chauffage pour 3 euros de plus, la chambre est propre mais sans eau chaude.
Se déplacer à Sauraha
Il est tout à fait possible de se déplacer à pied dans le village. Cependant, si vous voulez explorer les alentours et entrevoir la vie des villageois, l’idéal est de louer des vélos. Nous avons trouvé très rapidement un loueur à deux pas de notre première Guest House. Nous avons payé 2,50 euros par personne la journée.
Découvrir Chitwan : le choix du trek à pied
Comme nous le disions dans notre article sur le parc national de Uda Walawe au Sri Lanka, les safaris en jeep ce n’est pas notre truc. Nous avions envie de tenter une expérience totalement différente, de s’immerger dans la nature, quitte à se sentir un peu vulnérable. Pour nous, la découverte et l’observation des animaux sauvages, ne doit sous aucun prétexte se faire au détriment de leur bien-être.
Budget pour un trek au Népal dans la jungle
Nous avons fait le choix de passer par notre Guest House pour l’organisation de notre trek. Nous les avons très à l’écoute, les explications étaient claires, et surtout ils insistaient sur le respect des animaux.
Le prix total comprend plusieurs choses, dont l’organisation du trek et le prix d’entrée dans le parc. Car Chitwan est un parc national mais aussi une zone protégée.
- Prix d’entrée dans le parc 2000 roupies (janvier 2020) soit 16 euros par personne.
- Trek de deux jours et une nuit : 90 euros à deux. Ce prix ne comprend pas les repas, ni la nuit dans la jungle, seuls le petit déjeuner et le repas du midi le jour du départ étaient inclus.
- Nuit dans la jungle : 7 euros à deux. Il s’agissait d’une petite Guest House choisie par nos guides, et située sur les rives de la rivière où il est possible d’observer les rhinocéros. Très calme, propre et un très bel accueil.
- Repas : environ 20 euros pour un repas du soir, un petit déjeuner et un » pack lunch » pour le midi, pour deux.
- Bateaux : 2 euros à deux. Nous avons dû traverser deux fois la rivière en pirogue.
- Droit d’entrée dans la forêt : 1,50 euros à deux. C’est le deuxième jour que nous avons dû payer ces frais d’entrée. Il s’agissait d’une partie très surveillée et sous protection du parc.
Au total notre trek au Népal nous sera revenu à 120 euros à deux, sans compter les nuits d’hébergement à Sauraha.
Nous ne comptons pas non plus le pourboire laissé à nos deux guides, qui ont été tout simplement incroyables.
Trek au Népal : deux jours à pied dans la jungle
Nous partons de très bonne heure le matin depuis notre Guest House direction d’abord la rivière Rapti. Là, nous montons à bord d’une pirogue de bois pour une traversée de quelques minutes. Nous sommes trois, notre ami Jack rencontré au Népal nous accompagne.
Nous sommes accompagnés de deux guides, armés de bâtons, toujours un devant et un derrière le groupe. Tout deux sont très sympathiques, et nous passerons un vrai bon moment avec eux. Un de nos guides parle anglais, ce qui nous permettra d’en apprendre vraiment plus sur la faune.
Nous voilà aux portes de Chitwan
Avant de pénétrer dans la jungle, on nous donne les consignes de sécurité, notamment les attitudes à avoir, face aux grands mammifères. Nous retiendrons la technique de survie face aux rhinocéros;
« s’il avance, grimpez à un arbre, s’il n’y a pas d’arbre, alors courez ! ».
Cette première journée se passe au coeur de la jungle, nous sortons des sentiers réservés au jeep. Seuls les bruits, parfois étranges, de la jungle viennent briser le silence. Nous sommes tous très attentifs à l’environnement, notamment aux nombreuses empruntes fraiches de tigres et d’ours.
Malheureusement nous n’aurons pas la chance de les apercevoir. Bien qu’un félin soit passé tout proche de nous, nous avons pu l’entendre, un moment effrayant mais incroyable.
Découvrir la jungle à pied est définitivement le meilleur moyen, tant pour nous que pour les animaux, nous sommes silencieux, et non polluants.
Nos guides sont incroyables. Chacun a un rôle bien défini, et nous pouvons le voir clairement. Notre guide anglophone est derrière nous, il nous explique les choses, indique le chemin. Notre deuxième guide c’est celui qui piste les animaux et les indices, comme l’odeur d’urine des rhinocéros. Nous le surprenons à plusieurs reprises monter aux arbres ou sentir l’air.
Après plusieurs heures de marche nous devons une nouvelle fois traverser la rivière Rapti jusqu’au petit village où nous passerons le nuit. Notre Guest House se trouve au bord de l’eau et le paysage est juste magnifique. Nous guettons toute la fin d’après-midi les rhinocéros, mais aucun ne se montrera ce jour là. C’est donc rempli d’espoir que nous allons nous coucher.
Cette première journée fut l’occasion d’admirer de nombreux oiseaux, crocodiles, singes, biches, sans oublier les dizaines d’excréments croisés le long du chemin !
Jour 2 pour un anniversaire au sommet
Après une bonne nuit nous repartons à pied à travers la jungle. Sur cette partie du trek plusieurs miradors en bois permettent de grimper et d’admirer la vue de plus haut. C’est vraiment chouette de pouvoir voir la rivière et la jungle en arrière plan, sans oublier les tadornes casarca, ce magnifique oiseau de la famille des oies, à la robe rousse.
Les paysages sont un peu différents, nous passons par des clairières, qui donnent l’espoir d’apercevoir le fameux rhinocéros, mais les herbes sont très hautes à cette période.
Après plusieurs heures de marches, et la perspective de la fin de ce trek, nous commencions à perdre espoir. C’était mon anniversaire, et je rêvais secrètement de cette rencontre, pour un jour qui resterait gravé dans ma mémoire.
Alors que nous entrons dans une épaisse forêt, nos guides nous mettent en garde. Il est possible qu’ils soient là, préparez vous à possiblement grimper à un arbre.
Puis, nos guides se figent, et sourient. Nous comprenons alors qu’ils sont bien là, les rhinocéros à une corne du Népal. Mon plus beau cadeau, mon plus bel anniversaire.
C’est deux magnifiques rhinocéros à une corne, un adulte et un juvénile qui se présentent à nous. Nos guides restent prudents, et nous restons tous à très bonne distance. Elle est là toute la magie de découvrir la faune à pied, d’être finalement à la merci des ces magnifiques animaux. C’est une sensation totalement différente du safari, pour notre plus grand bonheur.
Grâce en grande parti à nos guides la journée se termine par la rencontre avec deux grands rhinocéros dans une clairière. Un lieu parfait pour les observer depuis les hauteurs et de bien plus près que les précédents.
Ce sont des animaux fascinants, aussi étranges que beaux. Nous avons tant aimé leurs petites oreilles rondes !
La fin de l’aventure
Le trek se termine en fin de journée, nous regagnons le village de Sauraha. Nous n’aurons pas observer de tigre, ni d’ours, mais plusieurs rhinocéros.
Nous avons avant tout vécu une expérience unique, avec des personnes formidables et généreuses. Le tout au coeur d’une nature préservée, habitat de nombreux animaux, dont l’avenir demeure incertain.
L’envers du décor d’un trek au Népal
Les efforts de protection et de conservation du gouvernement népalais sont énormes, nous en sommes conscients. Cependant, nous avons observé que certains animaux subissaient un sort terrible. C’est le cas des éléphants. Ici au Népal ils sont à la fois sacrés, vénérés mais aussi réduits en esclavage pour servir d’outil aux Humains.
Nous avons vu plusieurs éléphants enchainés déambuler dans Sauraha, accompagnés de leur maitre.
A la sortie du parc, nous avons vu une ferme à éléphants, tous enchainés sous des abris, sur du béton. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à l’expérience que nous venons de vivre, et l’environnement exceptionnel dans lequel ces animaux devraient évoluer.
C’est une grande tristesse mêlée à la colère qui nous envahie. Quand soudain un éléphant sauvage fait son apparition au loin, se mettant à barrir fortement. Un autre éléphant, lui prisonnier, semble lui répondre, nous nous demandons alors ce qu’ils peuvent bien se dire…. Lorsque vous décidez de partir en trek au Népal vous n’imaginez pas cela.
Sentant notre malaise, notre guide, nous explique que ce spectacle lui fait beaucoup de mal. Ces animaux sont élevés et dressés par l’armée pour rechercher des personnes disparues ou blessées dans le parc. Mais en arrivant nous avons bien vu trois éléphants chargés de touristes sur leur dos, ce qui pose question.
Trek au Népal, notre avis sur Chitwan
Chitwan nous en rêvions avant même de partir en tour du monde. Nous voulions observer des animaux sauvages dans un environnement préservé. Et c’est ce que ce petit parc nous a offert. Une des expériences les plus intenses de notre voyage.
Partir à la découverte de la vie sauvage à pied, est l’assurance de vivre des moments forts en émotions, les bruits de la jungle sont parfois effrayants, et la vulnérabilité que l’on a pied est totalement différente qu’à bord d’un véhicule.
Enfin, avoir la chance d’observer des animaux sauvages dans leur milieu est toujours une expérience inoubliable, et nous rappelle à quel point la nature, ses habitants sont fragiles et dépendent grandement de nos choix personnels.
Nous n’oublierons pas les aspects plus sombres de la vie de certains éléphants au Népal, et nous continuerons de nous efforcer à faire les meilleurs choix possibles. Pour eux.