Partir en PVT en plein confinement : notre récit
Pour être honnête, Taiwan n’a jamais fait parti de nos plans de voyage ou de vie. Pendant notre voyage en Asie on a vu très peu de personnes passer par cette petite île au large de la Chine. Alors partir en PVT dans ce pays n’a jamais été une évidence pour nous !
Voyager autrement
Après notre retour précipité de tour du monde, nous avons passé une année en France. A nous demander tous les jours quand et où nous allions repartir balader. Nous étions alors à la recherche de destinations où le covid nous laisserait tranquille !
Et c’est Jérémy en fouillant sur les réseaux sociaux qui a trouvé ce projet. Un beau jour, il me dit tout simplement; et si on partait en PVT à Taiwan ? Ma première réaction fût; c’est où Taiwan ? C’est comment Taiwan ? En réalité nous ne connaissions rien à ce petit bout de terre. La notion même de PVT était flou pour moi. Mais après tout, c’était la promesse d’une nouvelle aventure aussi belle qu’inattendue à l’image de notre précédent voyage.
Il faut savoir que l’accord de PVT entre la France et Taiwan est très récente, elle date de 2016 seulement. De plus, avec la pandémie, le pays s’est complètement refermé, gardant le secret d’une destination inoubliable.
Le Permis Vacances Travail c’est quoi au juste ?
Le PVT, le Visa des jeunes
Le PVT ou Permis Vacances Travail est un type particulier de visa délivré aux jeunes de moins de 30 ans (exception pour l’Australie et le Canada). Ce visa nous permet de rester à Taiwan une année complète (deux fois 180 jours), de voyager à travers le pays, mais aussi de travailler.
Nous n’avions jamais envisagé de réaliser un PVT, mais il faut dire qu’avoir la possibilité de rester dans un pays une année est une belle opportunité. D’autant plus que Taiwan est un des pays encore assez peu connu, qui se développe rapidement, notamment sur les plans économique et culturel. C’est une formidable chance de s’immerger complètement dans une culture totalement différente de la notre.
La langue chinoise, une obligation ? Pas forcément.
Une des premières choses à savoir avant partir en PVT à Taiwan, c’est que la langue officielle n’est autre que le chinois traditionnel. Malgré nos deux mois de voyage en Chine (notre bilan deux mois en chine) en 2019 nous ne parlions pas un mot de chinois. Et cela a été une petite angoisse avant le départ…
Mais avec cette possibilité de rester un an, cela laisse du temps pour apprendre ce ne serait ce que quelques bases utiles. Nous avons d’ailleurs réalisé un petit guide de survie pour tous les voyageurs qui décident de partir en pays sinophone. Finalement, cela a été une motivation supplémentaire dans ce projet, apprendre le mandarin. Beaucoup de Taiwanais parlent anglais, ou connaissent quelques mots clés. Cela peut suffire à se faire comprendre au restaurant ou ailleurs…
A savoir :
- de 18 à 30 ans inclus
- validité de 12 mois; 2 fois 180 jours (obligation de renouveler au bout des 180 premiers jours à l’immigration)
- assurance santé obligatoire
- une preuve de fond est exigée lors de la demande (2100 euros par personne)
- quotas de 500 places par an
- frais de visa : 86 euros
Comment partir en PVT en pleine pandémie
La procédure de demande de PVT a été un peu modifié depuis la pandémie. Taiwan à dans un premier temps fermé ses frontières aux Pvtistes avant de réouvrir en juin 2020 pour refermer un an plus tard. Le gouvernement a créé un visa spécial Covid.
L’ensemble de la procédure se réalise en ligne, puis, il faut obligatoire se rendre dans un des deux seuls « bureau de représentation de Taipei en France ». Nous ne parlons pas d’ambassade car Taiwan n’est pas reconnu comme étant un pays par la communauté internationale. C’est deux bureaux se trouvent à Paris et à Aix-en-Provence, à côté de chez nous !
Les documents que nous avons dû fournir :
- formulaire de demande de visa (lien sur le site du bureau de représentation)
- passeport d’une validité de 12 mois
- certificat d’assurance santé d’une durée minimale de 6 mois
- extrait du casier judiciaire
- justificatif d’une réserve de 2100 euros (par personne)
- billet d’avion retour valable entre 6 et 12 mois après l’arrivée à Taiwan
- formulaire de visite médicale de moins de 3 mois (avec notamment preuve de sérologie négative de Syphilis, absence de Tuberculose avec radiographie, preuve d’anticorps contre la Rougeole et la Rubéole par prise de sang).
- questionnaire PVT (sur le site)
- lettre de motivation manuscrite
- 86 euros par chèque ou espèces
Certainement, la chose la plus compliquée a été le certificat médical, écrit en anglais et en chinois. Notre médecin ne comprenait pas très bien le principe. Nous n’avons pas réalisé la radiographie pulmonaire pour la Tuberculose, une attention sur l’honneur de notre médecin a suffit. Nous avons cependant dû réaliser les sérologies (Syphilis, Rougeole, Rubéole) par prise de sang puis retourner chez notre médecin. Partir en PVT à Taiwan c’est aussi faire un bilan santé !
Condition d’arrivée : la quarantaine
A noter que l’arrivée à Taiwan était conditionnée par une mise en quarantaine obligatoire de 14 jours. Elle s’effectue dans des hôtels réquisitionnés par le gouvernement, dans des chambres séparées et à nos frais. Lors de la préparation du visa nous avons réservés nos deux chambres de quarantaine à Taipei. Nous avons ainsi fourni la preuve de réservation lors de notre rendez-vous au bureau de représentation.
Et bien sur nous avons réalisé un test PCR 72 heures avant notre embarquement.
Direction le bureau de représentation Taiwanais avant de partir en PVT !
Une fois tous ces documents réunis, environ deux semaines, nous sommes donc parti pour Aix-en-Provence déposer notre dossier. Nous avons été très bien reçu par des personnes chaleureuses. Nous avons eu droit à un petit entretien de motivation, qui ressemblait plus à de la curiosité qu’un véritable interrogatoire. L’entretien c’est terminé sur un « bon séjour à Taiwan ! », et nous étions heureux.
Une semaine plus tard, nous recevions le mail qui validait notre projet, et quelques jours plus tard nous avions notre Pass pour la liberté de retourner balader.
Partir en PVT, entre excitation et motif impérieux
Avant de partir, nous avions reçu nos visas et réservé le vol et la quarantaine un mois avant le départ. C’est court mais ce fût finalement très long. Au vu d’une situation sanitaire qui se dégradait de jour en jour en France, et la perspective d’un nouveau confinement. Lorsque nous avons acheté nos billets nous ne pouvions pas partir de France, car il fallait « un motif impérieux ». Nous sommes donc parti de Genève en Suisse. Et cela a été une véritable expédition évasion.
Direction la Suisse en évitant la police !
Déjà notre région, l’Occitane était classée comme « région à haut risque », ce qui impliqué une mise en quarantaine à notre arrivée en Suisse. Cette mesure ne s’appliquait pas aux cas de transit, ce qui été notre cas, mais le stress était tout de même là.
Nous avons pris le TVG Nîmes – Genève à 05h50 du matin, en plein couvre-feu, je m’excuse encore auprès de ma mère à qui j’ai fait prendre le risque d’une belle amende !
Arrivés à Genève quelques heures plus tard, ce fût le soulagement, nous avions déjà réussi une partie du périple.
L’attente interminable
Après une attente de plusieurs heures à l’aéroport de Genève nous voilà au comptoir d’embarquement de la compagnie Emirates. Nous étions heureux comme des enfants. Mais voilà, à la présentation de notre billet d’avion direction Taipei et de notre visa « PVT spécial Covid », l’aimable monsieur du comptoir était sceptique. Nous avions une escale à Dubai, et tous les autres passagers s’arrêtaient là bas, sauf nous évidemment. On nous explique purement et simplement que les frontières taïwanaises sont fermées . La compagnie ne souhaite pas prendre le risque de nous laisser embarquer si l’immigration taiwanaise nous refoule une fois là-bas.
C’est la panique mais nous sommes en règle et le guichetier appelle sa supérieure, pendant que tous les autres passagers passent devant nous… La supérieure nous explique qu’il faut impérativement que la compagnie Emirates ait l’accord du gouvernement taiwanais pour que l’on puisse embarquer ! Sauf que c’est la nuit à Taiwan à cette heure-ci. Elle nous demande d’attendre. Nous attendons. Une petite heure plus tard, c’est la délivrance « vous pouvez y aller ». Nous étions soulagé mais toujours sous le coup du stress.
Une escale et du stress
Partir en PVT à Taiwan n’est pas chose aisée ! Après un vol Genève Dubai très animé avec des passagers clairement en mal de fête, nous attendons notre vol pour Taipei. Une escale de 4 heures nous permet d’explorer un peu l’aéroport de Dubai, même si clairement il n’y a pas grand chose à voir.
Puis, vient le moment d’embarquer pour notre dernière destination, Taipei. L’embarquement et le vol se déroulent sans encombre, dans le calme, à l’image de ce qui nous attend.
L’arrivée, le soulagement et le bonheur
Immédiatement après l’atterrissage nous sommes pris en charge par des agents de l’immigration vêtus de la tête aux pieds de combinaison. Tout est parfaitement organisé, c’est impressionnant !
Première étape l’immigration, avec un rapide coup d’oeil à notre visa et un tampon, nous pouvons passer.
Puis, on nous délivre une carte SIM et nous choisissons notre forfait, le forfait internet illimité est à 30 euros pour un mois. En quelques minutes nous avons notre forfait et notre numéro de téléphone taïwanais, et surtout, nous sommes en lien avec CECC (centre du contrôle des maladies). Ce dernier est très important, notamment concernant notre séjour en quarantaine. Car tous les jours pendant notre quarantaine nous devrons faire état de notre santé.
Puis, nous récupérons nos bagages et direction les « taxis Covid » à destination de l’hôtel de quarantaine, les prix sont fixes, 30 euros. Avant de monter à bord, nous avons droit à une désinfection en règle à coup de vaporisateur !
45 minutes de route et nous voilà en quarantaine pour 14 jours !